... aux Caraïbes


Chap 1 : Cienfuegos

15/01/2012 18:24

Cienfuegos, arrivée

Nous voici donc en compagnie de la famille Caplat et savourons les retrouvailles, les enfants aussi d'ailleurs.La marina de Cienfuegos ne paye pas de mine. Elle est située dans la grande baie intérieure, où raffineries, centrales nucléaires et cargos se côtoient, mais n’a que très peu de place. Remarquez, on ne s’est jamais autant senti en sécurité que là, tellement on est surveillé ! Ils ont tellement peur que des Cubains quittent le pays, que tout est grillagé, et le soir ils nous font remonter les dinghis sur les bossoirs pour ne pas qu’on nous les prenne.

Cienfuegos est une ville qui ressemble beaucoup à certains quartiers de Bordeaux. En effet, elle a en partie été fondée par des Bordelais… d’où leur patte au niveau architecture. Nous voici déambulant les rues piétonnes, heureux de redécouvrir la civilisation et curieux de découvrir ce pays où le temps semble s’être arrêté au début du siècle… On sent que ce pays commence à s’ouvrir au tourisme, mais c’est encore difficile : l’embargo, le régime de Fidel Castro, l’abandon de l’URSS n’ont fait que laisser ce pays entre 2 portes et les cubains espèrent que l’une d’entre elle s’ouvrira bientôt. Les voitures datent des années 60 et pour la plupart sont russes (Lada). Les bus sont chinois et les tracteurs ont été remplacés par la charrue et les bœufs, faute de pièces de rechange. Les taxis sont des calèches (économie d’essence oblige) et le cheval est roi. Les vitrines des magasins sont vides.  Les gens nous accostent dans la rue pour nous demander des savons, des tee-shirts…etc… C’est assez déboussolant mais en même temps prenant. Les Cubains sont d’une gentillesse rare et se plieraient en 4 pour vous aider. Ils sont avides de questions pour savoir comment « ça se passe dehors ». Mais on sent que cela commence à s’ouvrir un peu : les jeunes ont tous des tee-shirts « D&G », des portables (autorisés depuis peu), ils ont accès aux hôtels touristiques, peuvent voyager... sans parler d’internet ! Certes internet reste contrôlé et pour eux, quand on leur dit que l’on peut acheter des choses en ligne, ils nous regardent avec des yeux ronds en disant que ça n’est pas possible et qu’à Cuba, cela n’arrivera jamais. Il y a un tel décalage que c’en est renversant. Cela dit, ils commencent à se rendre compte que « la revolucion » avec le Che et Castro, n’est pas si révolutionnaire que ça… mais ça, ils en parlent à demi-mots de peur d’être écouté par un agent d’état en civil ou détournent vite la conversation. En attendant, il faut qu’ils se débrouillent au quotidien dans un pays où il n’y a rien et tout à la fois, faut-il en avoir conscience.

Notre première mission est de trouver une banque pour faire du change. A Cuba, il existe 2 monnaies : le CUC (le peso convertible cubain) et le peso cubain. 1 CUC = 1.28 €, mais 1 CUC = 25 pesos cubains. La monnaie principale est en CUC, et les pesos sont réservés aux cubains. C’est pourquoi, la vie à Cuba n’est pas si bon marché que ça ! Et on comprend mieux pourquoi il y a 2 monnaies, quand on sait que le salaire moyen d’un cubain est de 12 CUC… C’est le pays de la débrouille ! Bref, nous réussissons à trouver des CUC et des pesos. Maintenant, deuxième mission, trouver des supermarchés pour faire quelques courses. Et là, bonjour la désillusion car il n’y a RIEN ! Ou le peu qu’il y a, est horriblement cher. Il existe bien les magasins d’état, mais ceux-là sont non seulement peu achalandés, mais en plus, ils ne sont réservés qu’aux Cubains qui viennent y chercher leurs denrées avec des tickets de rationnement. Vive le pays de « la libertad » ! Nous nous rabattons donc sur le marché « municipal » de la ville, réservé théoriquement aux cubains et non aux touristes, et où tout s’achète en pesos. Nous y trouverons des fruits, des légumes et de la viande exposée à la mode de Grenade : la viande pend directement et on taille dedans à la machette sans vitrine réfrigérée ! Mais bon, nous avons de quoi manger pour quelques jours, sachant que dans peu de temps, les parents de Xavier arrivent et nous allons découvrir Cuba de l’intérieur pendant une dizaine de jours. En attendant, nous découvrons la vie cubaine à Cienfuegos et nous essayons de trouver un point internet pour checker les mails. Là aussi c’est un parcours du combattant ! Il faut savoir qu’internet n’en est qu’à ses débuts, est fliqué et le débit en ferait pâlir plus d’un. Les cyber cafés n’existent peu ou pas et les seuls endroits où l’on peut espérer trouver une connexion sur un ordinateur d’état est dans les grands hôtels. Oubliez le wifi, les clés USB et vos portables ! A Cuba, vous devrez acheter des cartes de 30 min ou 60 min de connexion et vous vous connecterez sur un ordinateur mis à votre disposition en espérant qu’il marchera ! (ce n’est pas toujours le cas). ET quand vous serez connectés, armez-vous de patience car le débit est tellement lent que vous n’aurez le temps de lire que 10 mails en 1 heure (c’est notre cas). Donc, adieu le blog et adieu les mails ! Juste le temps de prévenir qu’il faut oublier internet et voila !

A part cela, la vie suit son cours entre école, retrouvaille avec les copains et visites. Nous avons sorti les couettes (si ! si !), tellement les nuits sont devenues froides et humides (un vent du nord souffle en permanence). Nous avons jeté notre dévolu sur l’hôtel Jagua, près de la marina, qui offre un service internet, une piscine, un buffet assez fourni. Nous y avons rencontré Carmen, une chanteuse de 70 ans (dixit elle-même) qui offre des concerts tous les soirs dans un restaurant, accompagnée de son piano qui date du début du siècle et n’est plus très accordé. Aux dires de certains, elle aurait été la maîtresse de Fidel, mais… en attendant, cette femme, très classe et coquette, vous chantent des chansons qui vous dressent les poils sur les bras ! Bienvenidos en Cuba !

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