Traversée du Vénézuela vers Cuba

Vendredi 25 novembre

Départ pour Cuba à 9h15, après avoir vérifié les moteurs, les niveaux d’huile et de liquide de refroidissement et après avoir cuisiné quelques plats en prévision d’une mer agitée (je suis incapable dans ces cas-là d’être dans le bateau sans être malade…). Donc, j’anticipe ! J’en profite aussi pour préparer un bidon étanche avec des denrées alimentaires, la VHF et le GPS portables, les cartes bleues, la clé USB, les passeports, les couvertures de survie.. et tout le reste (la liste est longue), juste au cas où… Même les enfants angoissent un peu à l’idée de cette longue traversée qui est une première pour nous 4. Du coup, ils ont préparé eux aussi, un sac avec ce qui leur semble essentiel à leurs yeux, juste au cas où…

Le temps est gris, la mer formée. Nous en profiterons pour faire école mais juste à l’oral… Le vent souffle à 22 nds et nous avançons à 8 nds. A nouveau, visite des dauphins, différents des autres. Ceux-ci ont une bande blanche qui part de leurs yeux et finit sur leurs flancs. Ca fait comme un masque. … et c’est toujours génial de les voir.

Nous voguons au loin des îles Bonaire et alternons grains et vents et accalmies. Nous nous préparons à passer notre première nuit de tour de garde. C’est donc arnachés, avec gilet de sauvetage et ligne de vie et radar branché que nous veillons. Nous nous sommes installés dans le cockpit et faisons des quarts toutes les deux heures avec une veille auprès du radar toutes les 30 minutes (on a branché la minuterie de cuisine toutes les ½ heures pour être sûrs de ne pas rater une veille). Ma foi, on trouve que ce système n’est pas trop mal et nous permet de dormir au moins 2 heures.. toutes les 2 heures !

Samedi 26 novembre

Mon Dieu que cette nuit a été angoissante ! Hormis 2 gros grains, un vent établit à 20 nds, nous n’avions pas de lune pour nous éclairer ! On pouvait compter sur les étoiles… mais sans lune, tout prend une autre dimension !!! Bref, j’ai donc fait un stock de vœux car ici, les étoiles filantes sont nombreuses !... Nous nous sommes levés avec un magnifique lever de soleil. Et c’est parti pour une 2^ème journée !!!! ouaisssss ! Le vent a légèrement faiblit et nous voguons à une vitesse moyenne de 7.5 nds. Le temps est gris, nuageux, quelques grains et la mer est hachée. Durant la journée, nous essayons d’occuper les enfants… mais la mer est tellement mauvaise (on se fait bien secouer dans tous les sens), que je suis incapable de cuisiner (heureusement que j’avais anticipé en préparant des trucs tout prêts !), et les enfants prennent leur mal en patience en lisant, faisant des scoubidous, des puzzles, ou attendant tout simplement que le temps passe en dormant. Le soir, le vent forcit, mais comme nous avons déjà pris un ris dans la grand voile, nous n’enroulerons que le génois de quelques tours. Nous avons déjà parcourus 287 miles à une moyenne de 7.5 nds. La 2^ème nuit va être costaud !!!

Dimanche 27 novembre

Quelle nuit de M----- !!! Grains énormes, rafales à 28 nds, pluie et la vitesse du bateau oscille entre 10 et 13 nds. Et dire qu’il y en a qui croient qu’on s’amuse !!!! Ils sont fous !!!!  Heureusement Raymond est là pour nous surveiller (le radar) et nous aide à anticiper les grains et voir s’il y a du monde autour. C’est là qu’on se rend compte qu’on est en plein milieu de la mer des Caraïbes et que nous sommes SEULS !!! Seuls au monde avec tout de même pour compagnie, des dauphins et des globicéphales. Mais c’est vrai que cela procure un sentiment étrange que de se dire que l’on est tout seuls, au milieu de rien, dans l’immensité bleue… La mer est toujours aussi forte, mais au lieu d’être derrière, elle vient de côté maintenant…  avec un vent entre 20 et 26nds. Vers 13 heures, nous ne sommes plus seuls !!!! On croise un pétrolier qui part vers la Jamaïque. Le vent souffle toujours à 23 nds et la mer est de plus en plus agitée. Où est l’accalmie tant promise ???? Elle viendra dans la nuit seulement où, pour le coup, on se retrouve avec 4 nds de vent… C’est vraiment tout ou rien !!! Cela dit, nous apprécions fortement cette relâche qui nous permet de souffler un peu… et de dormir tranquille !!! Même les enfants sont ravis de retourner dans leur cabine !!! Nous mettons donc en route les moteurs en alternant une fois celui de babord, une fois celui de tribord, histoire d’économiser un peu de gasoil.

Lundi 28 novembre

Nuit assez réparatrice car très tranquille, sans alerte radar, ce qui nous a permis de dormir. Ouf !!! Au petit matin, nous avons parcouru 547 miles. Nous profitons du beau temps et de la mer calme pour faire des lessives, de l’école, ranger un peu le bateau et remplir les réservoirs de gasoil avec les bidons que l’on avait rempli au Vénézuela. Bien nous en a pris car vers midi, la houle monte, le vent aussi et de pétole, on se retrouve avec 20/25 nds et une très grosse houle de travers. Petite pensée tout de même à Sherley car nous passons au large d’Haïti… Le temps se calme en fin de soirée.

La journée de mardi se passera très tranquillement. Beau temps, mer belle et pas de vent… ce qui nous procure du retard sur le timing prévu. Nous en sommes à 710 miles parcourus et 96h de navigation. Mais, comme dit le proverbe : « c’est le calme avant la tempête ! ». Et bien ça se vérifie !!! En fin d’après-midi, le vent commence à se lever –de face cette fois-ci, histoire de changer !-  et la mer commence à se former… Nous ne sommes pas loin de passer le cap de Cuba et nous sommes dans le canal entre la Jamaïque et Cuba, d’où ce brassage.

Mercredi 30 novembre

C’est l’HORREUR !!! Space Mountain à côté, c’est de la gnognotte !!!! Le vent souffle à  25 nds, et le bateau tape énormément (vent de face), mais il tient et passe super bien la houle (c’est là qu’on se dit qu’on a fait le bon choix !). Là, on ne rigole plus du tout, les enfants encore moins. Mais que faire à part prendre son mal en patience ? Il nous tarde vraiment d’arriver. Nous voguons au large de Cuba depuis hier mais c’est très long. Je ne comprends vraiment pas ce que les marins trouvent de génial dans les transat ou autre à se faire brasser, secouer dans tous les sens toute la journée et toute la nuit… Non, franchement, je ne vois pas. Ca ne fait que 5 jours ½ que nous sommes partis, et je pète déjà un câble… Autant vous le dire tout de suite, Xavier a bien compris que le passage de Panama pour aller en Polynésie, c’était mort… Si déjà au bout de 6 jours, on en a marre, qu’est-ce que ça sera au bout de 20 jours ? (c’est le temps qu’il faut pour relier Galapagos aux Marquises). Non, là, c’est mort… Définitivement !

En fin d’après-midi, la mer se calme un peu mais la houle est toujours de face et est très hachée. Nous rangeons un peu le bateau pour que lorsque la Guardia viendra, ça soit un peu clean.

Au bout de 6 jours, 910 miles parcourus à une vitesse moyenne de 7.3 nds,

nous arrivons enfin à Cienfuegos, de nuit.

L’arrivée est assez bien balisée et les feux babord et tribord fonctionnent bien. Nous entrons donc dans le canal pour rejoindre une sorte de mer intérieure où croisent cargos et pétroliers, pour rejoindre la Marina…. et DORMIR !!! Les autorités sont là pour nous accueillir (nous n’avons pas le droit de descendre du bateau, tant que la Guardia n’est pas passée)…. Et TI PLOUF !!!!!!! Enorme surprise car ils étaient censés nous rejoindre plus tard, mais erreur !!!! La joie est immense !!!! Le temps que les Douanes passent, puis l’immigration, puis l’inspection sanitaire et enfin la Guardia avec le chien (des fois que des substances illicites trainent dans le bateau), nous obtenons notre visa de tourisme et avons le droit de mettre le pied sur le sol cubain. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que nous sommes arrivés vers 23 heures et que malgré l’heure tardive, toutes les autorités ont été réveillées pour venir faire les formalités de suite ! Moi, je trouve ça génial !... Une fois les autorités passées, nous savourons nos retrouvailles avec Ti Plouf (les enfants, les leurs et les nôtres dormant, ils auront la surprise le lendemain matin), nous nous couchons à 4 heures, lessivés, heureux de notre performance, heureux d’être arrivés, heureux de retrouver Nath & Laurent et fatigués par le stress et la fatigue tout simplement.

 J’en profite encore pour saluer le courage et la patience dont ont fait preuve les enfants. Ils nous ont réellement surpris pendant cette traversée par leur calme et leur disponibilité. Ca n’était pas toujours évident mais ils l’ont fait ! (« They did it ! »). Je remercie également nos Cap’tains Météo, Eric et Jean-Charles, ainsi que Kakao, pour la météo aussi et les encouragements, on a bien pensé à vous !!!.

Nous voici maintenant à Cuba pour 2 mois environ. Aux dires de Ti Plouf, Internet ici n’en est qu’à ses débuts. Donc, si le blog n’est pas à jour, ou si vous n’avez pas de nos nouvelles, ne vous inquiétez pas ! Mais n’alertez pas le quai d’Orsay pour nous !!! Cela dit, nous sommes joignables sur nos portables qui marchent ici (X : 06 80 20 21 08 – AS : 06 86 96 15 75) ou sur l’iridium (00 881 631 675 170).

Maintenant nous allons faire le sapin sous 28°C… ça nous fait drôle quand même !....

Joyeux Noël à tous !

Passez de bons moments ensemble, Dieu sait s’ils sont importants,

profitez de chaque instant et à l’année prochaine !